Introduction
Je travaille cette thématique depuis maintenant quelques années, de manière individuelle et en groupe. J’ai animé des ateliers avec de jeunes adultes, notamment avec les étudiants du bachelier éducateur spécialisé en accompagnement psychoéducatif au sein de la Haute école en Hainaut.
Dans le cadre de mes consultations sophrologiques, les demandes en termes de gestion du stress et de l’anxiété sont les plus courantes.
La gestion du stress et de l’anxiété est également omniprésente dans mes autres domaines d’interventions, que ce soit en consultation conjugale et familiale ou en sexologie clinique.
La « gestion » du stress, voici un thème qui parle à la plupart d’entre nous, mais gérer son stress, qu’est-ce que cela signifie ?
Je vais, à travers cet article, essayer d’apporter certaines réponses à ce sujet.
D’emblée, deux questions se posent. Peut-on réellement gérer son stress ? Et si oui, quelles sont les techniques ou méthodes efficaces ?
Dans l’imaginaire collectif :
- une personne apte à gérer son stress est une personne passive, que rien n’atteint ;
- il existerai une « bonne » méthode pour gérer son stress ;
- si je peux le faire, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible pour lui, pour elle ;
- la réalité est tout autre. La passivité n’est pas synonyme de gestion du stress et nul ne peut être épargné par les affres de la vie. Nous ne pouvons éviter la peine, la douleur, le stress, c’est la vérité, mais nous pouvons décider de quelle manière nous allons l’aborder, là se trouve la « gestion » du stress ;
- si nous pouvons admettre que chacun d’entre nous est singulièrement différent, nous pouvons admettre qu’il ne peut exister une, mais bien une multitude de méthodes pour gérer son stress. Sophrologie, méditation de pleine conscience et autres approches psychocorporelles, jardinage, sport, etc. Ce qui importe c’est de trouver la méthode qui vous correspond ! Par ailleurs, il est un fait qu’avoir une activité physique régulière, une bonne hygiène de vie, etc. sont indissociables à la gestion du stress et ne sont en rien liées à une quelconque méthode ;
- dans les faits, nous ne réagissons pas tous de la même manière face à une situation stressante. Tout le monde n’a, par exemple, pas le même niveau de stress lorsqu’il doit parler en public et donc l’impact du stress n’a pas les mêmes conséquences pour les uns et pour les autres. Il est important d’essayer de ne pas nous comparer aux autres, nous sommes qui nous sommes. Notez que cette notion de niveau est par ailleurs importante.
Cependant, il est vrai que certaines situations stressantes, quant à elles, engendreront des réactions similaires chez nous tous. Par exemple, face à une hypothermie, les mécanismes du stress sont communs à tous les individus, tout du moins d’un point de vue physiologique.
Pour appréhender ce qu’est le stress et « agir » sur celui-ci, il faut comprendre plusieurs facteurs le concernant.
Entre autres :
- À quel moment celui-ci survient-il ?
- Quelle est sa récurrence ?
- À quoi sert-il ?
- Comment se manifeste-t-il ?
- Quelles en sont ses conséquences ?
1. Le moment où il apparaît est situationnel et contextuel .
1.1 La situation
La situation c’est l’ensemble des circonstances dans lesquelles une personne se trouve.
Le stress peut survenir dans trois situations différentes
- de manière imprévisible, il n’est pas appréhendé. Exemple : vous évitez un accident alors que vous conduisez ;
- de manière prévisible, il peut être appréhendé. Exemple : vous devez présenter un examen dont vous connaissiez l’échéance ;
- de manière prévisible, mais vous n’en avez pas nécessairement conscience. Exemples : Vous travailler dans un environnement bruyant, vous faites partie d’un système dysfonctionnel, etc.
Questions à se poser sur la situation:
- Puis-je en anticiper la survenue ?
- Puis-je en déterminer l’issue ?
- Puis-je avoir une influence sur celle-ci ?
1.2 Le contexte
Le contexte c’est l’ensemble des circonstances dans lesquelles se produit un fait.
Je peux être très à l’aise pour parler en public, mais si celui-ci m’est hostile, cela va certainement être plus complexe à gérer. Ici, le contexte peut avoir un impacte directe sur mon niveau de stress.
Questions à se poser à propos du contexte:
- Ai-je une prise sur la situation dans ce contexte ?
- Puis-je avoir une influence sur celui-ci ?
1.3 En résumé
Si certaines situations peuvent être anticipées, le contexte dans lequel elles vont se dérouler est quant à lui souvent plus incertain.
Disons que, si la situation est prévisible ou envisageable, nous pouvons gérer notre stress.
Quant au contexte, le nombre de variables étant souvent hors de notre portée, le » lâcher-prise » ou l’entrainement sont de manière générale les meilleures options de gestion du stress .
Si le contexte est délétère, deux stratégies seront à considérer : la fuite ou le combat, mais dans ce dernier cas, attention à l’épuisement ! Une troisième stratégie existe, c’est l’inaction, mais elle se manifeste souvent dans des contextes particuliers comme : les situations anormales, celles des violences qui surviennent de façon brutale, soudaine et impensable (Le repli/l’inhibition de l’action (sidération)). Cela fera l’objet d’un prochain article.
2. Ponctuel versus répétitif
Prenons, par exemple, une situation dans laquelle vous conduisez un véhicule. Une voiture surgit et vous l’évitez. Vous venez de subir un stress dont les manifestations physiologiques sont parfaitement perceptibles. Votre cœur s’est accéléré de manière soudaine, votre souffle est court, vous êtes pâle, vous suez, etc.
Cette phase de stress est normale, nécessaire et salutaire, celle-ci vient de vous éviter un accident. Le retour à la normale survient assez rapidement et cette phase de stress n’a pas de conséquences négatives. Cette phase de stress est ponctuelle, elle est dite adaptative.
Si l’évènement ne survient qu’une seule fois, les conséquences du stress, à proprement parler, ne sont pas délétères sauf si l’évènement ponctuel auquel vous faites face est traumatisant. Il est évident que survivre à une fusillade, à un attentat ou une agression très violente risque d’entrainer des conséquences graves. Par exemple un état de stress post-traumatique.
Prenons un autre exemple, celui d’un travailleur dans une institution dysfonctionnelle et imaginons que le stress subit est répétitif, conscientisé ou non peu importe.
Même si travailler dans ce contexte ne met pas la vie de ce travailleur en danger dans l’immédiateté, le stress subit, va-lui, devenir chronique et ces effets sur le long terme vont devenir délétères pour sa santé, tant sur le plan organique, cognitif que psychologique. Les aspects relationnels et sociaux de ce travailleur risquent, eux aussi, de se détériorer à cause de son état de stress. Si le travailleur de notre exemple n’arrive pas à s’adapter, on parle alors de stress dépassé.
2.1 Peut-on gérer le stress « ponctuel » ?
En règle générale oui, sauf situations extrêmes (violence extrême, danger de mort imminent, etc.)
Exemple : lorsque vous conduisez, vous avez conscience qu’un conducteur tiers peut à tout moment avoir un moment d’inattention et perdre le contrôle de son véhicule. Le risque d’accident est réel. La plupart d’entre nous en acceptent l’idée et les risques liés. Mais si cette idée vous stresse au point que vous ne puissiez plus prendre le volant, rien ne vous interdit de prendre des cours de conduite défensive pour augmenter vos compétences et de facto retrouver votre confiance en vous. La gestion du stress n’est pas une question de « passivité ».
Autre exemple : vous devez passer l’examen pratique du permis de conduire (même si cet examen peut-être, pour certain, répétitif 😇) et votre moniteur d’auto-école vous dit que vous êtes prêt à passer l’épreuve, mais rien n’y fait, vous êtes stressé. Gérer cet évènement ponctuel est tout à fait possible, notamment grâce à la sophrologie par exemple 😊, et ce avec un travail sur la confiance en soi entre autres.
Comme noté ci-devant, la gestion du stress est possible tant que la situation ne met pas directement votre vie en danger.
Mais, direz-vous, pour certaines personnes : militaires, agents d’intervention, sapeurs-pompiers, etc., les situations extrêmes de mise en danger font partie de leur travail et peuvent être répétitives. Si chez eux le stress peut être « géré », c’est parce qu’ils s’entrainent constamment et qu’ils se préparent à affronter ces situations. Notons que les « surhumains » cela n’existe que dans les fantasmes. Avoir des aptitudes à être moins impacté par le stress1 ne protège pas du stress induit par les situations répétitives.
L’entraînement favorise notre adaptabilité à affronter des situations stressantes. Que ce soit en apprenant les bons gestes (secourisme par exemple), ou en apprenant à avoir confiance en nous, en nos compétences ou encore en adoptant une certaine maitrise de nos émotions (sophrologie, méditation de pleine conscience, etc.). Cette capacité à mieux répondre au stress est possible grâce à qu’on appelle « la neuroplasticité »
C’est également le but de la répétition des exercices sophrologique ou de méditation de pleine conscience. Plus on s’y entraine, moins nous sommes sensibles aux situations stressantes et plus le cerveau intègre la sérénité, le calme.
2.2 Peut-on gérer le stress répétitif ?
Non ! Une preuve ?
Prenez un individu, placez-le assis à une terrasse de café, un jour d’été avec une température agréable, en milieu urbain, au milieu de la circulation, en pleine heure de pointe, relevez ses constantes physiologiques. Placez ce même individu à une terrasse de café, un jour d’été avec une température agréable, mais cette fois dans un parc bien calme et relevez ses constantes. Les résultats ne seront absolument pas les mêmes.
Vous le comprenez, le simple fait, comme dans notre exemple, d’être soumis à un stress sonore régulier, à l’agitation de la ville aura une incidence directe sur notre organisme, même si nous aimons habiter en ville !
Agir est donc la meilleure solution. Prendre le temps de se balader en foret par exemple…
» Une preuve scientifique bien établie démontre que l’interaction avec la nature apporte des bienfaits importants tels que :
- Une réduction de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle
- Une réduction de l’activité nerveuse sympathique et des niveaux de cortisol (moins de stress)
- Une augmentation de l’activité nerveuse parasympathique (meilleure relaxation)
- Une réduction de l’anxiété « 2
Première conclusion : Les mécanismes physiologiques qui nous aident à faire face à une situation stressante, ponctuelle ou non ont des conséquences directes sur notre organisme. « Gérées » ou pas, si elles sont répétitives ou ponctuelles et très violentes, les conséquences du stress auront, quoi qu’il en soit, un effet sur la santé.
Nous voyons cela plus en détail à partir du point 3.
2.3 L’alternance
De manière naturelle, les périodes de stress et de retour à la normale sont indissociables. Le but est que les périodes de stress soient les plus brèves possible et que les périodes « sans » stress soient réparatrices. Le tout est de faire en sorte que notre organisme ne secrète pas les hormones du stress trop longtemps, car ce sont elles qui nous rendent malades.
Exemple : les épreuves sportives sont à la fois ponctuelles et répétitives.
En ce qui concerne les sportifs de haut niveau, la gestion du stress consiste à gérer celui-ci au quotidien, pendant les phases d’entrainements, de repos, avant et pendant les compétitions. Ceux-ci sont souvent suivis par des préparateurs sportifs, dont des coachs mentaux. Ces derniers savent que si leurs « poulains » subissent un stress trop important leurs performances ne seront pas bonnes et qu’après la période de stress due à une compétition, le retour à une situation normale s’impose sinon pas de victoire possible, puisque leur état général va se détériorer.
Pour le commun comme pour le sportif de haut niveau, apprendre à gérer son stress est possible. Sophrologues, coachs mentaux, etc. sont des personnes-ressources utiles à cet effet.
Il est important de prendre du temps pour soi, de prendre soin de soi, de s’octroyer des moments de bien-être, de pouvoir se déconnecter… de tout et de revenir à soi.
2.3 La gestion du stress n’est pas une mise à » zéro » de celui-ci
Dans un même temps, afin de rompre le coup à une idée reçue, selon laquelle gérer son stress c’est faire en sorte de le baisser au maximum, s’aviez-vous que gérer le stress avant une compétition sportive est possible et implique… de garder un certain niveau de stress ! Ici encore la sophrologie est tout indiquée. Elle est d’ailleurs l’un des outils utilisés dans la préparation mentale des sportifs de haut niveau.
En effet, pour performer, un certain niveau de stress doit être atteint. Celui nécessaire pour préparer notre organisme à mobiliser toute l’énergie utile pour affronter nos adversaires, l’épreuve.
Il en va de même pour se présenter à un test d’embauche ou un examen. Le tout est affaire de « dosage ».
Ici aussi, la sophrologie ou toutes autres techniques ou méthodes qui vous conviennent sont indiquées.
3. À quoi sert le stress ?
Pour commencer, il est important de considérer que :
Le stress est une action d’adaptation positive et indispensable à la vie !
Chez la plupart des espèces vivantes, dans des conditions naturelles, le stress est activé quand leur vie est menacée ! C’est une phase d’adaptation. Après cette phase, dans les mêmes conditions, il y a retour à la normale.
Le stress est censé nous permettre de mobiliser nos ressources pour nous adapter à une situation, dans un contexte donné.
En ce qui nous concerne, nous stressons pour une multitude de situations qui ne mettent pas notre vie en danger, mais qui dans tous les cas nous tiennent souvent à cœur.
Vous êtes bloqués dans la circulation après une grosse journée de travail et la seule chose que vous désirez, c’est de rentrer vous délasser au soleil, les doigts de pieds en éventail. Bonjour la frustration, bonjour le stress ! On ne peut plus humain.
4. Comment se manifeste-t-il ?
Hans Selye, né à Vienne le 26 janvier 1907 et mort à Montréal le 16 octobre 1982, est un médecin québécois.
Il a théorisé le Syndrome Général d‘Adaptation.
Celui-ci se déroule en trois phases.
- La phase d’alarme ;
- La phase d’adaptation, résistance ;
- Et enfin, la phase de décompensation, d’épuisement.
Ces trois phases s’accompagnent de modifications physiologiques.
Pour en saisir les mécanismes physiologiques, voyons ce qui se passe en ce qui concerne les trois phases théorisées par Hans Selye.
4.1 Phase d’alarme
Dans cette première phase, le corps va se préparer à réagir face à la menace.
Première étape, l’élément déclencheur du stress
Dans cet exemple, il est, comment dire ? Directement identifiable !
La vue et l’ouïe sont souvent les premiers déclencheurs d’un état de stress.
Pas toujours, pensez-vous ?
Dans le cadre de l’anticipation d’une situation stressante, ce sont souvent des images mentales qui nous mettent en situation de stress. Le cerveau ne fait aucune différence entre réelle et imaginaire, du moins dans un premier temps et qui n’a jamais imaginé une conversation difficile avec un tiers ?
Tous nos sens peuvent, bien entendu, et c’est leur but, nous transmettre des informations sur notre environnement et nous alerter en cas de danger. Les différents sens sont d’ailleurs à la base du travail sophrologique, les images mentales étant les plus sollicitées.
4.1.1 Que se passe-t-il au niveau du cerveau ?
Quand la situation peut être analysée et que le risque n’est pas immédiat, nous pouvons faire appel à notre néocortex. Cette partie du cerveau nous permet entre autres de rationaliser une situation.
Quant au système limbique et au cerveau reptilien, ils servent eux à réagir de manière rapide face à une situation ressentie comme dangereuse. Fort heureusement !
Dans certaines situations la réflexion n’est pas un toujours un gage de survie. Rappelez-vous l’exemple du véhicule qui risque de vous percuter. Votre réponse d’évitement est quasi instantanée ! Au fait, vous n’aviez pas vu la bordure sur le côté ?
Bon, soyons clairs, cette explication est celle que l’on trouve généralement, mais qui est complètement réfutée aujourd’hui ! Elle est simpliste et au mieux schématise ce qui se passe. En réalité, le cerveau ne se présente pas en trois parties distinctes, il est beaucoup plus complexe. Même s’il existe bien différentes parties, dans le cerveau, impliquées dans certaines fonctions (langage, vision, motricité, etc.), grâce aux neurosciences, on sait maintenant que les différentes zones du cerveau sont interconnectées.
Ce que l’on peut retenir sur notre façon de réagir au stress, c’est que nous percevons des informations grâce à nos organes des sens, organes qui transmettent les informations au cerveau. Ces informations sont » analysées » et ensuite plus ou moins conscientisées.
» Le traitement de l’information sensorielle est un processus neurophysiologique impliquant les systèmes nerveux périphérique et central. Ce traitement se manifeste en quatre étapes bien précises : la réception du stimulus, le suivi de sa modulation, son intégration ainsi que son organisation. Le système nerveux reçoit, d’abord, les différents messages sensoriels de l’environnement immédiat qui sont perçus par nos différents récepteurs sensoriels. La réception de ce stimulus se fait au niveau périphérique du système nerveux tandis que sa détection se fait au niveau central. Par la suite, l’information reçue est modulée afin de permettre l’intégration et l’organisation de celle-ci en une réponse comportementale en lien avec le stimulus perçu initialement.
Pendant la réalisation de ces quatre étapes essentielles au processus, le tronc cérébral a comme rôle de juger de la pertinence de l’information sensorielle reçue. Cela fait en sorte que la réponse comportementale sera ajustée en fonction de l’importance de l’information détectée.
Le traitement de l’information sensorielle permet donc de bien identifier et d’organiser les différents types de sensations possibles provenant de nos sept différents systèmes sensoriels. Ces systèmes sont le système gustatif, le système olfactif, le système auditif, le système visuel, le système somatosensoriel (tactile et proprioceptif), et le système vestibulaire2. Ces trois derniers jouent un rôle de premier plan concernant le processus du traitement de l’information sensorielle. En effet, ils contribuent particulièrement au développement du tonus musculaire, des habiletés motrices, de la conscience de soi ainsi que de l’habileté à interagir adéquatement avec les autres individus. Si l’un de ces trois systèmes a une atteinte quelconque, il y aura répercussion sur le fonctionnement de la personne dans son quotidien, car les réponses comportementales ne seront par adéquates et congruentes avec l’information sensorielle reçue. « 3
4.1.2 Que se passe-t-il au niveau de notre organisme ?
Reprenons l’exemple de notre homme de Cro-Magnon face à un dinosaure affamé (en réalité il n’a jamais pu voir de dinosaures 😉) et voyons quelle est la cascade d’évènements qui vont se produire dans notre organisme.
Vous voyez un danger potentiel.
C’est la phase d’alarme. La libération de l’adrénaline dans le sang va provoquer très rapidement une cascade de modifications au niveau de vos organes : dilatation des pupilles, augmentation de la pression sanguine, augmentation du rythme respiratoire, etc. Ceci afin de vous préparer à la fuite ou au combat.
Si après cette première phase vous êtes hors de danger, l’adrénaline est éliminée et il y a retour à la normale.
4.2 Phase d’adaptation, résistance
Imaginez maintenant que le danger n’est pas écarté et que la situation dure dans le temps, votre vie est toujours en danger.
Dans cette seconde phase, si la source de notre stress ne disparaît pas, l’adrénaline ne suffit plus.
Un autre mécanisme se met alors en place. L’organisme va produire d’autres hormones (CRH, ACTH et Cortisol entre autres) pour vous permettre de faire face à la situation stressante persistante.
Le cortisol va exercer un rétrocontrôle sur le cerveau pour qu’il calme la réaction d’adaptation.
Si les situations ou les contextes sources du stress disparaissent, les taux de cortisol vont revenir à la normale.
Si vous êtes dans cette situation, c’est peut-être parce que vous avez choisi de combattre ou prenez conscience que la situation vous est néfaste ou vous paraît sans issue.
C’est ici qu’il faut se poser les questions :
- Dois-je continuer à combattre ?
- Ou, dois-je prendre la fuite ?
Exemple :
Vous travaillez dans un milieu professionnel dysfonctionnel, votre patron est un harceleur, etc. Dans ce cas, la seule bonne gestion du stress n’est-elle pas la fuite ?
Quelques fois, il n’y a pas de solution et si l’on s’échine à vouloir en trouver, l’épuisement en sera peut-être la seule issue. Le burn-out n’arrive qu’à ceux qui s’impliquent !
Parfois c’est la fonction, le poste occupé qui est générateur de stress.
Pour les pompiers, les ambulanciers, les médecins urgentistes, les policiers, certains travailleurs sociaux, etc., la fuite n’est pas toujours l’option idéale pour ces personnes et une gestion quotidienne du stress a ici toute son importance.
C’est aussi là que le milieu professionnel doit être fonctionnel, que les risques psychosociaux doivent être pris en compte et qu’un accompagnement doit être mis en place si nécessaire.
4.3 Phase d’épuisement
Vous n’avez pas pu vous résoudre la situation de stress, vous n’avez pas eu l’opportunité de vous en extirper ou encore, le contexte ne vous l’a pas permis.
Dans ces cas de figure, le rétrocontrôle du cortisol ne fonctionne plus et occasionne le dérèglement de l’organisme avec son cortège de problématiques sur celui-ci.
À ce stade, des problèmes de santé graves vont survenir.
5. Les conséquences
De manière non exhaustive :
- diabète ;
- obésité ;
- maladies cardiovasculaires ;
- dépression ;
- effets délétères sur les fonctions cognitives4.
Le stress chronique peu donc induire un état dépressif.
Les études d’imagerie cérébrale montrent une diminution de volume de la substance grise chez les sujets déprimés au sein de différentes régions cérébrales et en particulier le cortex préfrontal. De plus, on observe grâce à l’IRM fonctionnelle un hypofonctionnement au niveau préfrontal avec une diminution du flux sanguin et du métabolisme du glucose. Le cortex préfrontal n’est donc plus suffisamment actif pour contrecarrer nos réactions émotionnelles, il y a une rupture de l’équilibre avec l’amygdale hyperactivée. Les patients déprimés ne sont plus capables de faire face à leurs émotions, de prendre des décisions ou d’adapter leur comportement.
Alors qu’un stress ponctuel engendre une réponse physiologique adaptée et bien contrôlée, des stress trop violents, trop fréquents ou prolongés dans le temps peuvent déréguler l’axe HHS et induire des taux chroniquement élevés de cortisol et/ou de CRH. Des dérégulations de l’axe HHS ont été associées à de nombreuses pathologies psychiatriques comme les troubles de l’anxiété, la dépression ou encore l’addiction. Au niveau anatomique, des stress répétés ou des taux anormalement élevés de cortisol altèrent la morphologie et le fonctionnement des neurones dans de nombreuses régions comme l’hippocampe, structure impliquée dans la mémoire, le cortex préfrontal, siège des fonctions cognitives, ainsi que dans l’ensemble du système dit de récompense.5
Les risques pour la santé en cas de stress chronique sont de manière non exhaustive :
Les conséquences dues au stress chronique sur la santé sont nombreuses et peuvent être source de divers troubles généraux, voir dangereuses sur le plan physiologique. « Le « stress » est fréquemment invoqué comme l’une des causes principales de l’infarctus du myocarde à côté de l’hypercholestérolémie, l’hypertension et le tabagisme. »6
6. Les solutions
6.1 L’allopathie
Elle est surtout utilisée quand il y a un schéma dépressif, anxieux.
6.2 La gestion mentale faite soi-même.
6.3 Les thérapies cognitivo-comportementales (T.C.C)
Ce type de thérapies a pour but : le déconditionnement, la modification des comportements appris, la modification des pensées négatives par des pensées positives, la relativisation des situations, etc.
6.4 La thérapie somato-psychique : exercices respiratoires et positions anti-crises
On utilise l’effet relaxant physique sur la composante psychique du stress.
6.4.1 Comment cela est-il possible ?
Voici un exemple avec la méthode de relaxation d’Edmund Jacobson qui est un médecin américain né le 22 avril 1888 à Chicago et mort le 7 janvier 1983 à Chicago. Sa méthode de relaxation est basée sur le relâchement musculaire et repose sur le principe de l’influence du contrôle somatique sur la réponse psychique, le relâchement musculaire aboutissant à la détente mentale.
Si l’on diminue le stress grâce au relâchement musculaire, le système limbique ajuste la réponse émotionnelle et le néocortex reçois lui un « message » rassurant. Grâce aux EEG ( électroencéphalogramme), des ondes alpha sont alors enregistrables. Celles-ci sont le reflet de la stabilisation de l’énergie cérébrale. Les ondes alpha sont rythmiques et on une fréquence de 8 à 12 Hz 7(hertz, ou cycles par seconde). Elles apparaissent dans l’EEG de presque tous les individus normaux en état de veille, mais relaxé ou au repos les yeux fermés.
7. La technique sophrologique
Avec la sophrologie, on met en application plusieurs techniques vues précédemment.
Dans les grandes lignes, voici le déroulé d’une séance :
- Une anamnèse complète et un entretien sur l’objet de la demande sont effectués.
- Lors de chaque séance, il y a un bref échange ;
- On procède toujours à une relaxation basée sur le relâchement musculaire (exemple : Jacobson), les inductions mentales (exemple : training autogène de Schultz) ou sur les protocoles de la sophrologie qui se base sur la relaxation musculaire et mentale. La relaxation en sophrologie n’est pas une fin en soi ! La relaxation va permettre une modification de l’état de conscience, qui par ailleurs n’est pas celui visé par l’hypnose. Le sophronisé (le client) est bien conscient des phénomènes qu’il ressent ;
- Ensuite viennent les relaxations dynamiques, basées sur la mobilisation du corps dans l’espace, une relaxation dans le mouvement, selon des mouvements codifiés et effectués dans une respiration synchronique (manière de respirer). Des intentions (exemple : chasser une pensée négative) peuvent être associées aux mouvements ;
- Pour terminer, par une phase « d’activation ». Période pendant laquelle le sophrologue va à l’aide d’un discours adapté par la forme et le fond en relation avec la problématique, et ce, de manière positive (le « terpnos logos ») donner à entendre au sophronisé celui-ci. La base du terpnos logos peut être composé de métaphores, basé sur un conte, être méditatif, etc., et est construit en fonction de votre personnalité et des objectifs à atteindre. C’est ici que l’on peut rapprocher la sophrologie de l’utilisation de l’hypnose dans les thérapies cognitivo-comportementales.
La technique sophrologique peut être complémentaire, elle est alors un outil supplémentaire à la pratique du » thérapeute8 « , de l’accompagnant.
Le travail sophrologique mis en place dans le cadre de la gestion du stress se focalise sur les problématiques individuelles ou sur une problématique partagées par un groupe.
Les axes de travail sont de manières non exhaustives :
- L’induction d’un état de relaxation, de détente ;
- L’Augmentation de l’estime de soi et de la confiance en soi afin d’éviter les cercles vicieux ;
- Favoriser les pensées positives ;
- Favoriser la modification des comportements inadaptés ;
- Prendre conscience de ses états de stress ;
- Etc.
Conclusion
Gérer son stress c’est :
- Avoir une bonne hygiène de vie : bien s’alimenter, avoir une activité physique régulière, s’octroyer des moments de détentes, de plaisirs, avoir une bonne hygiène de sommeil ;
- Connaître et reconnaître ses limites ;
- Prendre conscience de ses ressources, tant sur le plan intrapersonnel, qu’interpersonnel ;
- Ne pas hésiter à se faire accompagner par un professionnel de la santé et/ou de la relation d’aide ;
- Choisir une méthode d’accompagnement en adéquation avec votre personnalité, mais surtout avec un professionnel avec qui vous vous sentez en confiance. Au-delà des techniques utilisées, c’est avant tout avec un autre humain que vous entrez en relation et c’est cette relation qui est souvent porteuse d’améliorations ;
- Accepter de fuir des contextes toxiques, dysfonctionnels.
- Avoir conscience que l’état de stress est naturel, mais que sa chronicité ou sa grande intensité vous mettent en danger.
Sources
Crédit image intro : Personnage vecteur créé par vectorjuice – fr.freepik.com
Crédit photographique : Tous droits réservés Emmanuel Panfil
- Marie-France Marin, Robert Paul Juster. (2011, janvier). Génétique et stress : y a-t-il un lien ? MAMMOUTH MAGAZINE, LE MAGAZINE OFFICIEL DU CENTRE D’ÉTUDES SUR LE STRESS HUMAIN. Consulté le 8 mars 2022, à l’adresse https://www.stresshumain.ca/Documents/pdf/Mammouth-Magazine/Mammouth_vol9_FR.pdf ↩︎
- Le contact avec la nature réduit le stress et l’anxiété. (2021, 10 juin). Institut de Cardiologie de Montréal. Consulté le 8 mars 2022, à l’adresse https://www.icm-mhi.org/fr/salle-presse/nouvelles/contact-avec-nature-reduit-stress-et-lanxiete ↩︎
- Consulté le 22 octobre 2024 à l’adresse 2024https://fr.wikipedia.org/wiki/Traitement_de_l%27information_sensorielle#:~:text=Ce%20traitement%20se%20manifeste%20en,par%20nos%20diff%C3%A9rents%20r%C3%A9cepteurs%20sensoriels.
↩︎ - Sonia J Lupien, Alexandra Fiocco, Nathalie Wan, Francoise Maheu, Catherine Lord, Tania Schramek, Mai Thanh Tu. (2005, avril). NCBI – WWW Error Blocked Diagnostic. National Library of Medecine. Consulté le 5 mars 2022, à l’adresse https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15511597/ ↩︎
- FRANÇOIS TRONCHE, SÉBASTIEN PARNAUDEAU, BERTRAND NALPAS, TIPHAINE ROLAND. (2017, 17 mai). Quels sont les liens entre stress et addiction ? MAAD DIGITAL. Consulté le 5 mars 2022, à l’adresse https://www.maad-digital.fr/dossiers/quels-sont-les-liens-entre-stress-et-addiction ↩︎
- L’influence du stress sur les maladies cardiovasculaires | Hôpital Erasme. (s. d.). Hôpital Erasme ULB. Consulté le 7 mars 2022, à l’adresse https://www.erasme.ulb.ac.be/fr/services-de-soins/services-medicaux/cardiologie/unite-coronaire/l-influence-du-stress-sur-les ↩︎
- Le sommeil du 3e type Pierre Magnin – Science et Avenir Hors-Série Le Rêve. (1996, décembre). Les ondes cérébrales. https://www.univ-lyon1.fr/. Consulté le 10 mars 2022, à l’adresse http://sommeil.univ-lyon1.fr/articles/savenir/3type/ondes.php ↩︎
- Attention En Belgique, pour être psychothérapeute, il est nécessaire d’avoir réalisé un parcours universitaire. Après un master en psychologie clinique ou en psychiatrie, quatre années supplémentaires de formation sont prévues avant d’obtenir le diplôme afin de pratiquer en tant que psychothérapeute. La loi stipule qu’à partir du 1er septembre 2016, seuls les psychologues cliniciens, les orthopédagogues cliniciens et les médecins pourront exercer la psychothérapie.
Le bachelier en conseiller conjugal et familial ne permet pas d’exercer en tant que psychothérapeute. Celui-ci est un accompagnant, un professionnel de la relation d’aide.
À savoir que le therme ‘thérapeute » lui peut être utilisé, il n’est pas encadré par la loi. ↩︎