Qu’est-ce que la sophrologie, quel est son intérêt, dans quel cadre l’utilise-t-on, quelle est son degré d’efficacité ?

Voici bien des questions que l’on peut se poser à propos de la sophrologie et y répondre de manière succincte, c’est le risque de la présenter comme une technique de relaxation, technique respiratoire, technique de bien-être ou technique « brumeuse » pouvant frôler l’ésotérisme, le paranormal voir le sectarisme.

La sophrologie fait partie des thérapies psychocorporelles. Elle utilise une approche à médiation par la parole, cette technique parle du corps et fait le ressentir.

On retrouve d’autres techniques, qui sont empruntées par la sophrologie, comme les relaxations de Schultz et Jacobson, les apports de l’hypnose, du yoga et la méditation (bouddhisme tibétain et zen japonais). La sophrologie emprunte également à la philosophie la phénoménologie existentielle.

En ce qui me concerne, la sophrologie ne doit pas être envisagée comme un type de thérapie, mais comme un outil, au même titre que d’autres outils, qu’ils soient psychocorporels ou non. Dans tous les cas, son usage doit-être fait en fonction des compétences de celui qui la prodigue.

Si la liste des problématiques pouvant être traitée par la sophrologie est longue, cela implique que chaque problématique doit être une spécificité du sophrologue. Je considère pour ma part qu’à minima, le sophrologue doit avoir une formation reconnue dans la relation d’aide et en psychopathologie.

                Il est à noter, pour un maximum de transparence que :

  • De nombreuses études mettent en évidence que la mise en place des protocoles et techniques spécifiques liée au modèle n’auraient qu’une action thérapeutique mineure (Duruz et al., 2003 ; Luborsky, 1975 ; Lambert, 1998). Une pratique spécifique ne supplanterait pas les autres dans son efficacité thérapeutique.
  • Ce que ces études ne remettent pas en question, c’est l’efficacité de ces pratiques. Toutefois, les raisons de leurs efficacités ne dépendent pas de celles avancées par leurs modèles théoriques, mais aux grands modèles de la psychothérapie. (Célestin-Lhopiteau, I., & Thibault, P., 2018).

En cela, la sophrologie est utilisée dans l’approche des thérapies cognitives et comportementales à côté des différentes relaxations, de l’hypnose et de la mindfulness (méditation de pleine conscience).

La force de la sophrologie réside dans la mixité de ces approches. La sophrologie permet la prise de conscience de son schéma corporel, de ses états émotionnels et au travers des relaxations et état de conscience modifié, de permettre un travail sur les cognitions, de manière douce et progressive.

La sophrologie est efficace pour améliorer :

  • La gestion du stress et de l’anxiété ;
  • Les douleurs chroniques ou post opératoires ;
  • Le manque de confiance en soi et d’estime de soi ;
  • Les troubles du sommeil ;
  • Les phobies ;
  • L’accompagnement des troubles addictifs ;
  • Les troubles de la sexualité ;
    • Trouble du désir (hypoactif) ;
    • Dysfonction érectile (non organique)
    • Vaginisme ;
    • Éjaculation prématurée ;
    • Anéjaculation.
  • Etc.

Les applications sont soit médicale : outil complémentaire à l’arsenal thérapeutique, soit socioprophylactique : pédagogie (préparation à l’accouchement, aux examens…), social (Stress des situations difficiles…) et prophylaxie (dépendances, stress professionnel…).

Les quatre piliers de la sophrologie sont :

  1. LE PRINCIPE D’ACTION POSITIVE
    1. Toutes actions positives dirigées vers la conscience se répercutent positivement sur tous les éléments psychiques
  2. LE PRINCIPE DU SCHÉMA CORPOREL COMME RÉALITÉ VÉCUE
    1. Il s’agit de l’intégration du schéma corporel dans la conscience
  3. LE PRINCIPE DE RÉALITÉ OBJECTIVE
    1. S’attache à la personnalité du sophrologue, qui doit comprendre et percevoir son propre état de conscience pour en tenir compte face à celui de son patient.
  4. LE PRINCIPE D’ADAPTABILITÉ
    1. Toutes les techniques et théories qui composent la méthode doivent s’adapter à la réalité des patients ou élèves qui la pratiquent et non l’inverse.

La sophrologie est répartie comme suit :

  • 3 Cycles répartis en 12 degrés
    • Cycle réductif ou fondamental ;
    • Cycle radical ;
    • Cycle existentiel.
  • Les 4 premiers degrés (cycle réductif ou fondamental) sont : (ceux utilisés avec les patients)
    • Présentation → RDC1 → Corporalité → Concentrative (objet neutre) → yoga hindou
    • Futurisation → RDC2 → Esprit → Contemplative  (sujet après incorporation de l’objet neutre)→ bouddhisme tibétain
    • Prétérisation → RDC3 → Corp-Esprit → Réflexive (conscience de la conscience) → Zen Japonais
    • Totalisation → RDC4 → Valeurs de l’existence → apprentissage de la phénoménologie existentielle et tridimensionnalité unitaire du temps (Heidegger)

En conclusion, les objectifs de la sophrologie sont :

  • Découvrir et exploiter ses capacités, ses ressources ;
  • Favoriser les prises de conscience corporelles et émotionnelles ;
  • Se libérer des images et pensées négatives.

Bibliographie :

  • Aliotta, C. (2017a). Sophrologie et adolescence.
  • Aliotta, C. (2017b). Sophrologie et entreprise.
  • Aliotta, C. (2017c). Sophrologie et personnes agées : Manuel pratique.
  • Aliotta, C. (2017d). Sophrologie et sport : Manuel pratique.
  • Audin, C. (2018). La sophrologie avec les enfants, ça marche !
  • Auquier, M. (2013). Sophrologie et gestion du poids. Ellebore.
  • Célestin-Lhopiteau, I. (2015). Soigner par les pratiques psycho-corporelles : pour une santé intégrative.
  • Célestin-Lhopiteau, I., & Thibault, P. (2018). Guide des pratiques psychocorporelles : ressources pour les soins et la santé. Elsevier Masson.
  • Chéné, P. (2014a). Sexologie et sophrologie : Améliorer sa sexualité par la sophrologie. Ellebore.
  • Chéné, P. (2014b). Sophrologie : Tome 1, Fondements & Méthodologie.
  • Cottraux, J. (2020). Les psychothérapies cognitives et comportementales.
  • Etchelecou, B. (2017). Grand manuel de sophrologie.
  • Lopès, P., & Poudat, F. (2022). Manuel de sexologie.
  • Mignot, J., Blachère, P., Gorin-Lazard, A., & Tarquinio, C. (2023). Aide-mémoire psychosexologie.
  • Poudat, F., Aubin, S., De Carufel, F., & De Sutter, P. (2011b). Sexualité, couple et TCC. : Les difficultés sexuelles.
  • Roux-Fouillet, L. (2013). La sophrologie : Pour un quotidien positif et sans stress.
  • Scimeca, D. (2010). Sophrologie : 7 clés pour vivre son présent en harmonie.
  • Sirven, R. (2009). Relaxation thérapeutique pour adolescents : Guide de pratique psychosomatique. De Boeck Supérieur.
  • Soigner par les Pratiques Psycho-Corporelles Pour une stratégie intégrative. (2016). HEGEL, N° 1(1), 78. https://doi.org/10.3917/heg.061.0078